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échalote et ses amants

— Et vous, cher ami, vous sied-il de hisser Mme d’Ersigny sur les tréteaux du café-concert ? Pendant que nous y sommes, ne vous gênez pas. Une de plus, une de moins…

— Mille grâces ! Je laisse ce soin à notre Plusch international. Moi, je me fiche que les femmes montrent leurs cuisses au public, ce qu’il me faut c’est qu’elles ne les voilent pas chez moi.

On connaissait la spécialité de M. Lapaire. Elle consistait à photographier, dans le simple costume de leurs appâts charnus, les bergères introduites chez lui. Une pièce de son appartement était transformée en salle de pose et l’appareil cher à M. Pierre Petit n’en bougeait pas. Depuis le temps qu’il opérait, M. Lapaire, qui avait effeuillé les plus charmantes fleurs du xviiie arrondissement, possédait une collection hors ligne mais non point sans cadre. C’étaient, en effet, du haut en bas des murs de son appartement, une exposition permanente des meilleures épreuves. On y voyait des sujets longs et maigres, gras et courts, des bras en couronne au-dessus des têtes, des mains tutrices de seins pesants, des torses plats ou ballonnés, des jambes droites comme des i, d’autres affectant la courbe elliptique des sécateurs ; il y avait des pieds potagers où germaient les oignons, des orteils à retroussis, des grains de velours impertinents et des envies évoquant l’aspect des lentilles et des cornichons. Certaines de ces dames avaient, sur le visage, le loup des amoureuses mondaines, d’autres élevaient un éventail protecteur. Mais la

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