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échalote et ses amants

Malgré ce que les derniers conservateurs de la belle langue française pourraient croire, il n’y avait, dans ces appellations distinctes, ni mépris pour un sexe qui leur rendait des services, ni moquerie vis-à-vis des dames désignées.

M. Lapaire, qui commençait à avoir son avenir amoureux derrière lui, n’eût pas été fâché d’autoriser Mme d’Ersigny à se livrer aux péripéties du sien. Des enseignements et des exemples délicatement donnés lui laissaient l’espérance d’avoir, très bientôt, son lit et son cœur veufs. Déjà la Bretonne marivaudait avec un merlan de la place Clichy et, à la Galette, se pâmait aux chatouilles de ce cavalier en rupture de blaireau et de plat à barbe. Bientôt il allait pouvoir les abandonner à leur sort et reprendre son droit de flirter avec les danseuses.

Sur le conseil de M. d’Ersigny, Échalote fuma une cigarette. Le temps nécessité par cette opération concorda avec le sursis sollicité par M. Lapaire. Le tympan déchiré par les coups de fouet, de pistolet et de grosse caisse, complément coutumier des instruments de l’orchestre, les yeux fatigués par les lumières de la salle et le tourbillon des danses, les nerfs et les jarrets à peine remis, on s’élança, par le tobogan naturel des rues Tholozé et Lepic, vers Cocardasse. On y trouva Gratin, le Petit Vieux de la Plaine Monceau, le Roi des Terrassiers et l’Homme au Supplice Indien attelés à un polignac, tandis que M. Plusch et le docteur Benoît, les godets en main, guignaient la dame de retour de leur partie de jacquet.

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