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échalote et ses amants

branches de rosiers fleuries d’ampoules électriques, ainsi apparaît Adonis’s bar, l’endroit le plus vicieusement spécial de Montmartre, malgré son allure de restaurant chic et grâce à la présidence d’un patron habile commerçant et fier mâle.

Dans la rue Duperré, à deux pas de la place Pigalle, où s’alignent les plus hétéroclites abbayes, à la même distance de la rue Fontaine, riche en caboulots nocturnes, cet établissement semble la station reposante durant la course aux lumières des girandoles et aux regards des filles. Tout y est différent, tout y est nouveau.

Adonis d’abord, le plus beau gars de la Butte 1m78, une tête d’énergie souriante, le teint mat, un océan de cheveux d’encre, des yeux d’agate brune, un nez droit aux narines frémissantes, le carmin d’une bouche jolie sous une moustache d’ombre. La taille athlétique est souple, les gestes sont élégants, la voix chante, les mains et les pieds révèlent la pureté d’une race exempte de croisements avec d’inférieurs bipèdes : pêcheurs à la ligne ou sergents de ville retraités.

Nom ou pseudonyme, Adonis, depuis le florifère amant de Vénus, n’a jamais été si bien porté. Le limo-

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