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riait sans éclat et distribuait des mots aimables. D’habiles gestes mettaient en valeur un diamant somptueux, don récent d’une courtisane célèbre et qui, en l’occasion, révélait une condescendance amoureuse du splendide barman.

— Nous ne pouvons supposer, — expliqua tout bas M. Plusch, — qu’Adonis jouisse de l’indulgence des autorités sans leur rendre quelques services. La Tour pointue a un œil partout, n’est-ce pas ?

— Elle n’est pas dégoûtée de le mettre ici.

M. Plusch s’amusait des révoltes verbales de M. Lapaire.

— Et si l’on vous disait pourtant que ce qui se passe dans cet établissement n’est qu’un faible échantillon de ce qui a lieu deux fois par an, au mardi-gras et à la mi-carême, en des salles publiques où le personnel présent figurera au grand complet, costumé selon son type, qui en danseuse, qui en pierrette, qui en bergère ou en marquise. Il y a, ces jours, ou plutôt ces nuits-là, des décolletages à stupéfier les artistes : les peaux sont blanches, les mains sont fines, les perruques sont du plus réputé posticheur, les robes sortent de chez les meilleurs couturiers. Chaque année, après qu’il s’est étalé, on signale le scandale, et au carême suivant on le recommence. Que voulez-vous faire ? Nous ne sommes ni gardes municipaux ni magistrats et, au fond, peuh, peuh, la corruption des autres nous laisse froids.

— Tout de même si on se mettait, une dizaine de gaillards comme nous, à faire du chahut et à distri-

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