Page:Jeanne Landre-Echalote et ses amants 1909.djvu/181

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quand le chat n’est pas là…

Cette journée d’adultère au logis fut pour les deux tourtereaux de la Butte un échantillon des joies de l’Éden. La pudibonderie et l’étiquette n’ayant rien à voir dans les intimités de cet ordre, ils évoluèrent de la chambre à coucher au cabinet de toilette et de la cuisine à la salle à manger, lui vêtu d’une des chemises de nuit de M. Plusch, elle drapée dans un peignoir si irréel qu’il donnait à sa propriétaire l’aspect d’une sardine fantastiquement perdue dans les nuages. Leurs distractions, d’heure en heure, ne varièrent guère, mais Échalote s’en amusait d’autant mieux qu’elles étaient une nique aux délicatesses masculines de M. Plusch. Chaque farce a ses triomphes et le mal de ventre simulé était, vu les exercices présents, du plus haut comique.

La nuit s’annonçant, Victor rappela Échalote à ses devoirs sociaux.

— Si qu’on s’habillait ? On irait prendre l’apéro, on dînerait quelque part et je te mènerais à ton beuglant.

— Ça colle.

Après une toilette qui consista surtout à s’enduire de cold-cream et de poudre, Échalote fut prête. Bras dessus, bras dessous, sans souci des gens frôlés et qui eussent pu être des amis de M. Plusch, ils descendirent la rue Lepic. Le spectacle, à cette heure crépusculaire, ne manquait pas de couleur. L’après-midi terminé, les horizontales, quittes envers les obligations de leurs respectives maisons de rendez-vous, retournaient vers leurs petits hommes. Affalés sur les banquettes des cafés ou juchés sur les tabou-

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