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une présentation

joyeux bataillons africains. Seule pour deux années, car elle était de nature fidèle, Échalote se jura de s’en tenir aux coucheries de rencontre, sans agrémenter son existence privée d’un ami de cœur auxiliaire. Et c’est pour cela que, la sachant maîtresse de son temps et de ses nuits, Chouchon lui conseillait une liaison durable et moins aléatoire que les rencontres champs-élyséennes ou les descentes de la Chaussée-d’Antin.

En ce matin de vente de pommes, le monsieur gras et chauve qui s’était présenté ne déplaisait pas à la commerçante. À la place d’Échalote elle l’eût essayé.

— C’est un ballot, que j’te dis, — rétorquait invariablement la petite fille professionnelle lorsque son amie tentait de lui énumérer les qualités d’un homme d’âge et la confiance que la mine rubiconde du monsieur lui inspirait.

— Tu m’amuses avec tes ballots… d’abord qu’est-ce que c’est qu’un ballot ?

— Une huître, une poire, un poireau, un paquet, un ballot, quoi !

— J’ai compris. Eh bien, prends-le tout de même.

— J’ai pas dit non, bien que Pois-Vert en ait eu sa claque de vivre avec lui.

— Pois-Vert ! — observa Chouchon, — tiens, en fait de ballot, elle en était un, celle-là !

— Oui, elle avait ce qu’il est convenu d’appeler une pochetée.

— Donc, tu vois bien, il ne faut pas s’en rapporter à elle.

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