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une maison bien tenue

chez elles, aux célibataires qui ne rentraient que pour se coucher, à un couple de policiers, à cheval sur les principes républicains et, parfois aussi, sur la rampe des paliers et à un marchand de viande, locataire intermittent, qui le dédommageait, par des pièces blanches, des allées et venues des dames venant se présenter pour l’enrôlement.

Les rares gens tranquilles, employés ou rentiers, ayant élu domicile dans cet immeuble avaient, à diverses reprises, manifesté leur mécontentement de voisiner avec de si extraordinaires personnages et des lettres sur le despotisme du concierge avaient assailli la propriétaire. La réponse de la noble dame fut le silence. À son avis les Plumage étaient précieux puisqu’ils maintenaient la maison dans un état général de location et, au besoin, majoraient les loyers selon les têtes. Force fut donc aux mécontents et aux bohèmes qui habitaient les combles de se venger à leur manière et de trouver dans leur fantaisie la revanche de leur impuissance.

En lutte avec ces gaillards prêts à tout, Plumage faisait preuve, malgré ses brindezingues renouvelées, d’une certaine solidité d’esprit pour ne pas être devenu fou.

Les farces pleuvaient. Un matin, les horizontales de l’escalier B poussèrent des cris d’orfraie en trouvant des rats crevés pendus à leurs sonnettes. Une nuit éclatèrent les hurlements d’effroi de Mme Plumage elle-même qui, pour s’être rendue au buen-retiro de la cour, s’était, sans lumière, assise sur une

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