Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/200

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prodiguant les avis et les remontrances plus que ne le firent jamais un Abélard ou un Roger Bacon dans une université du Moyen Age, ou un John Wesley et un John Henry Newman dans la société religieuse. Il forma à son école un certain nombre de dessinateurs de profession ; il donna un nouvel essor à l’activité intellectuelle d’Oxford et exerça une impression profonde sur l’esprit de quelques hommes qui ont marqué depuis dans la littérature, tels que Arnold Toynbee, W. H. MaIIock, E. T. Cook, W. G. Collingwood et bien d’autres.

Lorsqu’il ouvrit son cours en février 1870, l’affluence fut telle qu’il fallut le Sheldonian Theatre pour la contenir et, quoique les élèves n’eussent pas l’habitude de suivre les leçons aux heures où il donnait les siennes, qui étaient celles des repas, ils furent presque toujours aussi nombreux jusqu’à la fin en 1883. Cette ardeur venait un peu de la curiosité qu’éveillent toujours des leçons sur des sujets aussi variés. Il y avait dans ce qu’il disait bien des choses inintelligibles pour quelques-uns de ceux qui venaient là pour s’instruire sérieusement, mais ne sait-on pas que le réel profit d’une conférence consiste ordinairement dans la semence féconde qui a la chance de tomber sur un sol approprié provient avant tout des sympathies personnelles que le maître peut inspirer. Les leçons de Ruskin lançaient à pleines mains des se-