Page:John Stuart Mill - De l’assujettissement des Femmes.djvu/120

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

les circonstances l’ont permis, quel peuple a jamais montré plus d’aptitude pour les genres les plus divers de supériorité ? De même que les Français comparés aux Anglais, les Irlandais aux Suisses, les Grecs et les Italiens aux peuples germaniques, les femmes comparées aux hommes feront en somme les mêmes choses, et si elles n’obtiennent pas le même succès, la différence portera plutôt sur le genre de succès que sur le degré. Je ne vois pas la plus faible raison de douter qu’elles les fissent aussi bien si leur éducation était dirigée de manière à corriger les faiblesses naturelles de leur tempérament, au lieu de les aggraver.

Admettons que l’esprit des femmes soit par nature plus mobile, moins capable de persévérance dans le même effort, plus propre à diviser ses facultés sur plusieurs choses qu’à parcourir une voie jusqu’à son terme le plus élevé ; il se peut qu’il en soit ainsi des femmes telles qu’elles sont maintenant (quoique avec beaucoup d’exceptions), et cela peut expliquer pourquoi elles sont restées en arrière des hommes les plus éminents justement sur les choses qui exigent surtout que l’esprit s’absorbe dans une longue série de travaux. Mais cette différence est de celles qui n’affectent que le genre de supériorité, non la supériorité elle-même, ou sa valeur réelle : et, d’ailleurs, il reste à prouver que cet emploi exclusif d’une