Page:John Stuart Mill - De l’assujettissement des Femmes.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

est partout contraire à l’ordre naturel des choses ? Les théoriciens de la monarchie absolue n’ont-ils pas toujours affirmé qu’elle était la seule forme naturelle du gouvernement, qu’elle dérivait de la forme patriarcale, type primitif et spontané de la société ; qu’elle était modelée sur l’autorité paternelle, forme d’autorité antérieure à la société même, et d’après eux la plus naturelle de toutes ? Bien plus, la loi de la force a toujours paru, à ceux qui n’en avaient pas d’autre à invoquer, le fondement le plus naturel de l’autorité. Les races conquérantes prétendent que c’est la propre loi de la nature que les races vaincues obéissent aux vainqueurs, ou, par euphémisme, que la race la plus faible et la moins guerrière doit obéir à la race la plus brave et la plus belliqueuse. On n’a pas besoin de connaître à fond la vie au Moyen Age pour voir à quel point la noblesse féodale trouvait naturelle sa domination sur les hommes de basse extraction, et peu naturelle l’idée qu’une personne de la classe inférieure fût mise sur le pied d’égalité avec elle, ou exerçât l’autorité sur elle. La classe subordonnée ne pensait pas autrement. Les serfs émancipés et les bourgeois, au milieu même des luttes les plus acharnées, n’ont jamais élevé la prétention de partager l’autorité ; ils demandaient uniquement qu’on reconnût quelques bornes au pouvoir de les tyranniser. Tant il est vrai que le mot contre