Page:John Stuart Mill - De l’assujettissement des Femmes.djvu/57

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préfère généralement sa propre fille à son gendre, qui n’est pour lui qu’un étranger. Les riches tâchent de soustraire par des dispositions appropriées la totalité ou une partie au moins des bien patrimoniaux de la femme à la direction du mari : mais ils ne réussissent pas à les mettre sous la propre direction de la femme. Tout ce qu’ils peuvent faire, c’est d’empêcher le mari de les gaspiller, mais en même temps ils privent le légitime propriétaire du libre usage de ses biens. La propriété reste hors des mains des deux époux, et le revenu qui en provient doit être touché par la femme, non par le mari, d’après les dispositions les plus favorables à la femme, ce qu’on appelle le régime de la séparation : il faut que le revenu passe par les mains de la femme ; mais si le mari le lui arrache par la violence, il n’encourt aucune punition et ne peut être contraint de le rendre. Telle est la protection que les lois de l’Angleterre permettent aux membres de la plus haute noblesse de donner à leur fille contre leur mari. Dans l’immense majorité des cas il n’y a pas de disposition légale particulière ; le mari absorbe tout, les droits, les propriétés, la liberté de sa femme. Le mari et la femme ne font qu’une personne légale ; ce qui veut dire que tout ce qui est à elle est à lui, mais non la réciproque, tout ce qui est à lui est à elle ; cette dernière maxime ne s’applique pas à l’homme, si ce n’est