Page:Joliet - Les Pseudonymes du jour, 1884.djvu/87

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D’Erquar. — J.-M. Quérard.

Auteur de la France littéraire, des Supercheries littéraires dévoilées, du Journal Le Quérard, etc.

L’article qui lui est consacré, dans sa France littéraire, est signé d’Erquar, anagramme de son nom, pseudonyme que nous avons le plaisir de dévoiler.

En 1853, un ancien fonctionnaire du ministère de l’intérieur, M. Grille, le dépeignait ainsi :

« Voyez-vous ce petit homme, alerte encore, mais la tête grisonnante ? Le voyez-vous en pantalon de nankin, durant l’été, partir le dimanche matin par le wagon ?

« C’est Quérard. Il vient me voir, me serrer la main, se refusant à dîner avec moi, malgré mes instances. — C’est Quérard. Il a peur, il ne veut pas s’attarder sur les routes. Il me quitte, rentre à Paris et retourne à son perroquet, à ses serins, à ses moineaux qu’il aime comme Lesbie aimait le sien, et qui le délassent dans ses rudes et solitaires travaux de bibliographe.

« Quérard est un des hommes qui ont rendu le plus de services aux lettres. Tout ce qui lit veut avoir ses livres, mais quel parti tire-t-il de ses travaux ? Le bonheur de les faire ; ses imprimeurs mangent tout. Lui, de quoi vit-il ? Je ne sais : c’est un problème. Une petite pension, un secours précaire et qui vient du nord, des neiges, d’un Russe, d’une aventure ; c’est là toute sa sûreté.

« Que fait donc le ministre ? Où vont les encouragements ? Quérard est-il décoré ? Non. Quérard se plaint-il ? Peu. Demande-t-il ? Point.

« Je le chéris et l’estime. Il m’a écrit souvent de bonnes et curieuses lettres. En voici une qu’il m’adressait à Angers quand j’y étais, et que nous débutions dans des relations qui se sont depuis animées :

« Êtes-vous, monsieur, satisfait de mon livre sur les