Page:Jolimont - Les mausolées français.djvu/226

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Michel Ney, duc d’Elchingen, prince de la Moskowa, maréchal, pair de France, chevalier de Saint-Louis, et officier de la Légion-d’Honneur, naquit à Sarrelouis le 10 Janvier 1769, prit, jeune encore, le parti des armes, et déploya toujours dans les occasions les plus périlleuses et les plus importantes cette justesse de réflexion, cette prodigieuse activité, cette prudence qui devine et surmonte tous les obstacles. Le premier à l’attaque, le dernier dans les retraites, il se signala également par de rares talents et par une valeur intrépide, mais n’oublia jamais les droits de l’humanité et se montra toujours généreux avec les vaincus. Déjà cité avec avantage aux combats de Lahn, d’Altenkirchen, de Monthabor, de Pfartzheim, de Giessen, où commandait Kléber, il se distingua de nouveau sous les ordres de Masséna, et prit, en 1800, avec Moreau une part glorieuse aux victoires de Moeskirch et de Hohenlinden ; mérita en Souabe le titre de duc d’Elchingen, et bientôt la prise d'Inspruck, la capitulation surprenante de Magdebourg, les batailles d’Iéna, de Thorn, Friedland, Tilsitt, le placèrent au rang des plus illustres généraux français. Transporté tout-à-coup des bords du Niémen aux bords de l’Èbre et du Tage, il soutint long-temps une guerre difficile, et fit une retraite habile devant l’armée de Wellington. Enfin, sa conduite dans la dernière guerre de Russie n’est pas moins digne d’éloge ; il sauve plusieurs fois l’armée française, et y reçoit le titre de prince de la Moscowa. Napoléon disait de lui, qu’il avait l’ame trempée d’acier. Mais de si brillantes destinées devaient avoir un terme. Napoléon succombe ; le maréchal Ney voit dès lors que pour éviter à la patrie les maux affreux d’une guerre civile, il ne restait plus aux Français qu’à embrasser entièrement la cause de ses anciens rois[1]. Il se rend auprès de l’Empereur pour lui exprimer le vœu de la nation[2], et contribue puissamment à son abdication. Quelle étrange versatilité, quelle funeste séduction lui fait trahir la cause qu’il avait librement embrassée et qu’il avait de nouveau juré de défendre !… Ney devint coupable[3] !… Les rapides résultats de la bataille de Waterloo[4] l’éclairent sur sa faute, mais il ne peut fuir ses juges ; arrêté et mis en jugement, il a été condamné par la chambre des Pairs, et fusillé le 7 septembre 1815. Ney est mort avec courage en criant Vive la patrie, vive la nation française !

  1. Lettre du maréchal Ney au président du gouvernement provisoire, le 5 avril 1814.
  2. Propres expressions du maréchal Ney, même lettre.
  3. Consulter les Journaux du temps, les diverses Biographies, l’Histoire du maréchal Ney, 1 vol. in-8o, Procès du maréchal Ney, brochure in-4o, Précis historique en faveur du maréchal Ney, par Berryer, etc., etc.
  4. On a accusé le général Ney d’avoir contribué à la perte de la bataille de Waterloo par son peu d’activité ; il est notoire que, Napoléon lui ayant ôté la veille trois des divisions qu’il commandait, pour les faire combattre auprès de lui, le général Ney ne pouvait rien entreprendre avec le peu qui lui restait de troupes.