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M. de Saint-Morys, né à l’Ile de France d’une famille noble et opulente, reçut une éducation digne de son rang et de sa fortune. A l’époque de la révolution française, il embrassa vivement la cause royale, s’enrôla à 17 ans dans la légion de Mirabeau, devint aide de camp du maréchal de Broglie, et servit sous les ordres du prince de Condé. Après la dissolution des armées royales, il se livra à l’étude, et consacra ses loisirs aux sciences et aux arts, voyagea dans le nord de l’Europe, le crayon et la plume à la main, décrivant les beautés de la nature et recueillant les productions des artistes.

Il publia à Londres, conjointement avec M. Bellanger, peintre français, un voyage pittoresque en Angleterre ; en 1801, un voyage en Scandinavie depuis le détroit du Sund jusqu’à Torneo sur le golfe de Dothnie et au cap du nord. Rentré en France sous le règne de Napoléon, il continua ses occupations et consacra une partie des débris de son ancienne fortune à recueillir quelques monuments anciens échappés à la hache des révolutionnaires et à faire dessiner exactement ceux qu’il ne pouvait avoir ainsi que les édifices curieux menacés d’un autre genre de dévastation non moins déplorable[1], et dont il se proposait de publier des recueils. L’agriculture et l’histoire naturelle furent aussi l’objet de ses études, et les cultivateurs du département de l’Oise lui doivent des préceptes et des exemples utiles. Enfin il est auteur d’un aperçu sur la politique de l’Europe public en 1815 et d’un écrit en faveur de l’abolition de la traite des nègres.

En 1814 il se prononça vivement pour la défense de la légitimité, fut nommé, par le Roi, lieutenant des gardes du corps, suivit S. M. à Gand, revint avec la cour après la deuxième abdication de Napoléon, et donna des marques non équivoques de son dévouement. Mais, au milieu de l’effervescence des esprits, si ordinaire après les revirements politiques, la vivacité de ses sentiments et la chaleur avec laquelle il manifestait ses opinions, lui suscitèrent une affaire d’honneur dans laquelle il a succombé, et qui a attaché à son nom une sorte de célébrité par les circonstances qui l’ont accompagnée et les poursuites judiciaires que sa famille a cru devoir diriger contre son adversaire[2].

  1. Les spéculations de la bande noire et les préjugés des architectes sur les constructions du moyen âge.
  2. Voir les mémoires et les journaux du temps.