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C’est principalement aux journaux, en tant qu’entreprises de publicité, que je m’en prendrais. Je leur tiendrais simplement le langage que voici : J’ai pu vous supprimer tous, je ne l’ai pas fait ; je le puis encore, je vous laisse vivre, mais il va de soi que c’est à une condition, c’est que vous ne viendrez pas embarrasser ma marche et déconsidérer mon pouvoir. Je ne veux pas avoir tous les jours à vous faire des procès, ni avoir sans cesse à commenter la loi pour réprimer vos infractions ; je ne puis pas davantage avoir une armée de censeurs chargés d’examiner la veille ce que vous éditerez le lendemain. Vous avez des plumes, écrivez ; mais retenez bien ceci ; je me réserve, pour moi-même et pour mes agents, le droit de juger quand je serai attaqué. Point de subtilités. Quand vous m’attaquerez, je le sentirai bien et vous le sentirez bien vous-mêmes ; dans ce cas-là, je me ferai justice de mes propres mains, non pas de suite, car je veux y mettre des ménagements ; je vous avertirai une fois, deux fois ; à la troisième fois je vous supprimerai.

Montesquieu

Je vois avec étonnement que ce n’est pas précisément le journaliste qui est frappé dans ce système, c’est le journal, dont la ruine entraîne celle des intérêts qui se sont groupés autour de lui.

Machiavel

Qu’ils aillent se grouper ailleurs ; on ne fait pas