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révolutionnaires proscrits dont, à prix d’argent, je ne désespérerais pas d’amener quelques-uns à me servir d’agents de transmission à l’égard des menées de la démagogie ténébreuse ; établissement de journaux politiques dans les grandes capitales, imprimeurs et libraires placés dans les mêmes conditions et secrètement subventionnés pour suivre de plus près, par la presse, le mouvement de la pensée.

Montesquieu.

Ce n’est plus contre les factions de votre royaume, c’est contre l’âme même de l’humanité que vous finirez par conspirer.

Machiavel.

Vous le savez, je ne m’effraie pas beaucoup des grands mots. Je veux que tout homme politique, qui voudra aller cabaler à l’étranger, puisse être observé, signalé de distance en distance, jusqu’à son retour dans mon royaume, où on l’incarcérera bel et bien pour qu’il ne soit pas en mesure de recommencer. Pour avoir mieux en main le fil des intrigues révolutionnaires, je rêve une combinaison qui serait, je crois, assez habile.

Montesquieu.

Et quoi donc, grand Dieu !

Machiavel.

Je voudrais avoir un prince de ma maison, assis sur les marches de mon trône, qui jouerait au mécontent. Sa mission consisterait à se poser