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d’hui vaincus, des ambitions effrénées, des convoitises ardentes, des haines implacables, des terreurs partout, des hommes de toute opinion et de toute doctrine, des restaurateurs d’anciens régimes, des démagogues, des anarchistes, des utopistes, tous à l’œuvre, tous travaillant également de leur côté au renversement de l’ordre établi. Que faut-il conclure d’une telle situation ? Deux choses : la première, c’est que le pays a un grand besoin de repos et qu’il ne refusera rien à qui pourra le lui donner ; la seconde, c’est qu’au milieu de cette division des partis, il n’y a point de force réelle ou plutôt qu’il n’y en a qu’une, le peuple.

Je suis, moi, un prétendant victorieux ; je porte, je suppose, un grand nom historique propre à agir sur l’imagination des masses. Comme Pisistrate, comme César, comme Néron même ; je m’appuierai sur le peuple ; c’est l’a b c de tout usurpateur. C’est là la puissance aveugle qui donnera le moyen de tout faire impunément, c’est là l’autorité, c’est là le nom qui couvrira tout. Le peuple en effet se soucie bien de vos fictions légales et de vos garanties constitutionnelles !

J’ai fait le silence au milieu des factions, et maintenant vous allez voir comme je vais marcher.

Peut-être vous rappelez-vous les règles que j’ai établies dans le traité du Prince pour conserver les provinces conquises. L’usurpateur d’un