Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/100

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en 1465, emparé de Chilia par un coup de main, le Moldave eût voulu mettre à profit le mécontentement de ces privilégiés transylvains qui préparaient la grande révolte saxonne du comte de la nation, Roth, et du Voévode Jean de Sankt-Georg et Pösing, pour essayer de consolider encore davantage sa situation au-delà des montagnes. On imagine les avantages qu’il eût retiré d’une Transylvanie indépendante, même de caractère germanique, à une époque où les rois de Hongrie considéraient les princes roumains comme les seuls défenseurs obligés et attitrés de la province contre le danger turc.

Aussitôt après que le roi eut étouffé la révolte, il se dirigea contre la Moldavie complice, au mois de novembre de l’année 1467. Il n’avait pas, sans doute, l’intention d’annexer, contre un ennemi dont il connaissait bien les qualités, un territoire si étendu. Si dans sa suite se trouvait le prétendant qu’il comptait rétablir, car Pierre Aaron n’avait pas encore été saisi par Etienne pour expier le meurtre de son frère, ce fut surtout une expédition de vengeance, une Strafexpedition, comme celle qu’a renouvelée tout dernièrement la barbarie de notre époque ; un motif impérieux de gloire s’ajoutait d’ailleurs à l’autre pour ce prince qui aimait à lire dans la belle prose de l’Italien Bonfinius le récit de ses brillantes actions.

Le pays entre les montagnes et le Séreth fut systématiquement dévasté : Trotus, Bacau, Roman, qu’avait fondée le premier prince de ce nom, furent incendiées ; Suceava, résidence du coupable, était le but principal de l’expédition ; mais il fallut s’arrêter, par cause du grand froid peut-être, dans l’ancienne capitale Baia, que les derniers Saxons appelaient encore la « Stadt Mulda ». C’est alors que l’armée fut assaillie pendant la nuit par les soldats d’Etienne : boïars et les chevaliers, « curteni », qui formaient le corps permanent