Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/102

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qui ne se risquèrent plus désormais que dans la compagnie des Turcs, le Voévode attaqua le grand port valaque de Braïla, qui intéressait aussi les Turcs par ses relations avec le Levant et que défendaient peut-être des auxiliaires ottomans : il s’agissait de détruire un centre commercial qui empêchait le développement de Chilia. La ville fut brûlée en février 1470. C’était juste le moment où, après l’insuccès de l’expédition entreprise par Pie II, une nouvelle croisade dont Venise avait besoin pour défendre l’Albanie contre le Sultan, se préparait en Italie. En 1470, des mesures furent prises pour former une étroite union entre le Pape, Venise et le roi de Naples, avec le concours du roi Matthias. Au commencement de l’année suivante, la ligue fut proclamée ; elle comprenait les restes de la domination latine et chrétienne en général dans les Balcans[1] et déjà l’on avait gagné la fille du Basileus détrôné de Trébizonde, devenue la femme chrétienne d’Ouzoun-Hassan, le Khan turcoman de la Perse, qui, se rappelant peut-être le grand Gengis, voulait certainement reprendre contre les Ottomans le rôle de Timour. Les relations entre la Cour persane et celle du roi de Pologne avaient lieu, non seulement par la voie des Génois de Caffa, qui pouvaient trahir, mais aussi par celle du Moncastro moldave, de Cetatea-Alba. La femme d’Etienne était, du reste, à ce moment, une parente de la « Despina », une Comnène, Marie, des princes de Théodori, ou Mangoup, en Crimée, où son père et ses frères régnèrent tour à tour. Aucun de ces mouvements n’étaient sans doute restés inconnus d’Etienne, bien avant les propositions formelles qui furent faites en 1474 par « Ouzoun, fils d’Ali, fils d’Osman »,

  1. Voir notre étude sur Venise dans la Mer Noire, III, dans le « Bulletin de la section historique de l’Académie Roumaine », année 1914, p. 335 et suiv.