Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/11

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tourmentées, paraissent devoir s’engloutir dans leur terre jaune et friable. Le Pruth reçoit seulement les eaux parallèles de la Jijia, sur la rive droite, alors que, seuls, deux cours d’eau plus importants sillonnent la Bessarabie pour se jeter dans le Dniester.

Pour la Transylvanie, le système des eaux, déterminant, quant au caractère d’un pays, est encore plus différent. Malgré la séparation des Carpathes, il est évident que la partie méridionale de,la province, avec son « Pays de l’Olt », son « Pays de la Bârsa », son district de Sibiiu, appartient à la Valachie, où se trouve la source de ses rivières ; les princes valaques ont réussi maintes fois à l’avoir, de même que ceux de la Moldavie ont cherché, par la Bucovine et la Pocutie, à atteindre les sources mêmes du Séreth, du Pruth et du Dniester. Les autres grandes rivières cependant, le Muras, le Somes, les trois branches du Cris, les cours d’eau du Banat de Temesvar, vont, du côté de l’Ouest, se jeter dans ce grand canal collecteur de la Theiss, qui enrichira le Danube de toutes ces eaux confondues.

A travers cette diversité apparente, règne pourtant une large unité. Il serait difficile, même pour le géologue qui fixe les éléments constitutifs d’une chaîne de montagnes, de déterminer, non pas le point où commence la ligne même des Carpathes, mais celui où elle arrive à dominer le paysage, ce qui est essentiel au point de vue de la géographie « humaine », et surtout de la géographie historique. On ne le trouverait certainement pas en Galicie, où les hauteurs se succèdent sans toutefois que le pays tout entier leur appartienne, tant au point de vue de l’aspect de la nature que des conditions humaines dans les domaines économiques, sociaux et politiques de la vie. Le pays et l’homme s’appuient bien à la montagne qui borne à l’Ouest la grande plaine marécageuse de la Pologne,