Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/133

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

oaste, sous son chef, le cap de oaste (capiton paraît être de source byzantine tardive), un coif latin (casque), et il manie le sabre, sabia, l’épée, spata, l’arc, arcul, dont part la « saette » française de jadis, sageata ; il fait retomber sur l’ennemi sa terrible massue : maciuca, de même origine. L’ancien nom du drapeau, avant le steag slave, est flamura (flambura).

On a vu qu’il en est de même pour la loi, pour le jugement et, en ce qui concerne la vie supérieure de l’âme, pour la religion aussi[1].

Cette couche première de civilisation contenait aussi des idées politiques et sociales que les influences ultérieures purent modifier, mais non remplacer. La vie rurale des davae, des vici, des pagi romains, des territoires autonomes, se perpétua à travers les siècles, avec sa communauté de sang entre Les habitants d’un groupe villageois dépendant du même ancêtre, que des Roumains appellent « mos » (d’où le nom de Mosneni, mosteni pour ses descendants, et celui de mosie pour l’héritage terrien lui-même. Personne n’était propriétaire d’un terrain défini, dans cette exploitation fraternelle des champs de labour, où chacun avait le droit de cultiver sa « part » (parte ; le mot en arriva à remplacer tout autre terme désignant la propriété), les limites de chaque lot, fixées par le degré de la descendance, n’avaient jamais été transposées sur le terrain qui ne connaissait pas de bornes (margine, d’origine latine, a seulement un sens géographique, et granita, de l’allemand Grenze, par le canal slave, ainsi que hotar, du hongrois, sont des termes importés à une époque plus récente). Chacun de ces groupes vivait par lui-même et pour lui-même, « adoptant » seulement — ainsi que nous l’avons montré — de temps à autre les jeunes gens qui,

  1. Of. Sextil Puscariu, Etymologisches Wörterbuch der Rumänischen Sprache, 1905.