Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/143

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d’un long conflit[1]. Il y eut cependant plus tard en Moldavie des Métropolites grecs, comme Da-mien, qui représenta la principauté au synode d’Union de Florence et qui laissa sa belle signature de « Métropolite de Moldovlachie » au bas de l’acte même de la réunion des Églises, et l’on rencontre dans la première moitié du XVe siècle tel cas où le Patriarche crut pouvoir interdire à un archevêque moldave, fautif envers lui, l’entrée même de la ville impériale.

Ce qui empêcha cependant l’établissement de la hiérarchie byzantine et de la civilisation grecque sur le Danube, ce fut l’action de la propagande slave, faite par de simples moines serbes, adversaires en principe de l’autorité épiscopale qui, au Mont-Athos même, n’avait jamais existé. Un de ces « popes », Nicodème, dont le père, grec de Macédoine, paraît avoir eu du sang roumain, se vit obligé par la conquête turque en plein progrès, d’abandonner le royaume de Lazare, son protecteur, pour chercher un refuge chez les « Hongrois » de la rive gauche du Danube. Il y bâtit d’abord Vodita, au-dessus des Portes-de-Fer, puis Tismana, dans les montagnes du Jiiu, enfin Prislop, au-delà des Carpathes, fondations monacales autonomes, habitées par des moines lettrés de langue slavone. Laïco et son frère Radu acceptèrent volontiers le patronage de ces monastères, qu’ils enrichirent de leurs dons, et Mircea, suivant l’exemple du « pope » fit élever sa fondation de Cozia, puis celle de Cotmeana, pendant qu’un de ses boïars donnait à la Grande-Valachie la belle Maison de Snagov, près de Bucarest, au milieu d’un large lac, entouré de profondes forêts.

  1. Cf. notre étude sur les « Conditions de politique générale dans lesquelles furent fondées les Églises roumaines aux XIVe et XVe siècles », dans le « Bulletin de la Section historique de l’Académie Roumaine », année 1913.