Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/16

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souligne de son cours les dernières lignes des collines qu’ils projettent vers le Sud. Jadis le fleuve suivait, pour se jeter à la mer, cette dépression de terrain que marque aujourd’hui la voie ferrée de Cernavoda à Constanza. La Dobrogea entière était comprise dans la même formation géographique que la Valachie et la Moldavie aussi, avec laquelle elle tend à se réunir encore par les haulcurs des environs de Galatz. Aujourd’hui, le nouveau cours évite les anciens plateaux, d’un caractère tout particulier, de cette Dobrogea pour suivre la dépression de la plaine, les bords de la steppe et les dernières prolongations des champs fertiles qui s’étendent aux pieds des ramifications de la montagne.

Si la rive droite du Danube panonnien, celle qui appartient, regardant la steppe, à la race magyare, manque presque complètement d’affluents, comme si l’empire du fleuve ne devait pas s’étendre dans cette région de vastes plaines la rive droite, balcanique, ne reçoit que quelques rivières d’une importance secondaire, qui ne peuvent être comparées à la Theiss, avec tout ce qu’elle charrie, ni à l’apport, tout à fait exceptionnel, de la Valachie et de la Moldavie. Plus rapprochés du fleuve, en ce qui concerne leurs cimes et leurs collines, les Balcans ne présentent pas cette étroite communion qui distingue les relations entre les Carpathes et le fleuve, la lisière de la plaine qui s’intercale entre la ligne danubienne et les hauteurs est de beaucoup moins étendue et incomparablement moins fertile. Si le Danube joue un rôle important dans la poésie épique des Serbes, il n’est pas pour les Bulgares le grand fleuve tutélaire ; leur folklore le mentionne plus rarement et d’une manière plus fugitive que celui des Russes eux-mêmes. Les États roumains, partant de la montagne, se sont empressés d’atteindre ces rives et, par des efforts rapides et heureux,