Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/161

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Turcs du Grand-Vizir Sinan, envoya, dès le mois de mai, des clercs et des boïars en Transylvanie pour demander l’appui du prince Sigismond Báthory ; ces délégués obtinrent, en échange, qu’une clause fût insérée dans l’acte tendant à interdire aux paysans de quitter leur ancienne propriété. Cet abaissement de la classe paysanne donna à la civilisation des Roumains un caractère aristocratique, étranger à leurs traditions nationales ; mais d’autre part, elle était dominée par la personnalité d’un prince habitué à disposer sans aucune considération de la personne et des biens de tous ses sujets.

Art roumain du XVe et du XVIe siècles.— Le second domaine où se fixa, dès le début de l’époque moderne, et au lendemain même de la création des principautés, l’originalité de la race roumaine, fut celui de l’art.

La tradition indigène était incapable de se développer dans des formes supérieures. C’était un art domestique, casanier, d’autant plus immuable qu’il avait des racines plus anciennes et plus profondes ; il s’est conservé jusqu’à nos jours sans avoir accompli d’autre évolution que celle, toute récente, vers le mauvais goût. Restait à concilier le riche apport de l’Orient avec celui de l’Occident. Les Roumains surent se tirer de ces difficultés, donnant ainsi à l’Europe une nouvelle forme de création artistique.

Si Saint-Nicolas d’Arges offre des ressemblances avec les églises-châteaux de Transylvanie où la tour de défense domine et étouffe l’édifice religieux, la cathédrale du Métropolite Hyacinthe, dans cette même ville, reproduit, avec ses murs dans lesquels les briques encadrent de grossies pierres rondes encastrées dans le ciment, avec ses coupoles basses et ses trois lignes de colonnes qui la partagent en longueur,