Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/181

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chasser sans retard, si sa main de fer n’avait pas été la seule garantie de la conquête qu’il venait de faire. Des commissaires impériaux, un vieux soldat loyal, Michel Szekély, et un diplomate slave, habile à manier les Turcs et leurs clients, David Ungnad, furent chargés de se présenter à Michel, en qualité de « commissaires », pour observer toutes ses actions, pour rapporter toutes les paroles qui pouvaient échapper à son tempérament fougueux, pour « temporiser » en ce qui concerne la résolution définitive ; plus tard, de pleins pouvoirs pour « conclure » furent donnés à un envoyé extraordinaire, le docteur Pezzen, qui, lui aussi, avait rempli les fonctions d’ambassadeur à Constantinople.

Avant l’arrivée de cet émissaire, si impatiemment attendu, Michel, qui avait présidé déjà, en souverain, deux diètes transylvaines, s’était jeté, pour ne pas être surpris par ses ennemis, sur la Moldavie qu’il sentait prête à l’attaquer. Jérémie, faible soldat, ne put lui opposer aucune résistance sérieuse : les troupes, d’un caractère mélangé, du Voévode entrèrent à Jassy, à Su-ceava, chassant le client des Polonais, qui s’enferma dans la forteresse de Hotin. Un Conseil de boïars fut établi pour gouverner la nouvelle conquête, en attendant l’arrivée du fils de Pierre-le-Boiteux, Etienne, qui vivotait en exil, dans le Tyrol, pour en faire, comme époux de la fille unique de Michel, un Voévode moldave. Un concile présidé par l’archevêque de Bulgarie, le Grec Denis Rhallis, donna de nouveaux chefs à l’Église de Moldavie.

Se rendant compte des dangers qui le menaçaient, Michel revint en Transylvanie, où grondait un sourd mécontentement. Il consentit à sacrifier au dernier envoyé de l’Empereur, de son Empereur, une grande partie de ses premières prétentions : il ne voulait plus, en dehors des deux principautés danubiennes, qu’il entendait détenir selon leurs anciens usages, que le gouvernement