Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/188

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

origine, leur organisation et leur esprit, rappelaient Ba-ba-Novac et les siens, auxiliaires fidèles du conquérant de la Transylvanie. Ayant vaincu, malgré la présence d’un envoyé du Sultan, les troupes moldaves du jeune Radu qu’on lui avait opposé, il se présenta, fort de l’appui d’un chevalier musulman, originaire du Caucase, Abaza, pacha du Danube, à Constantinople, entouré par une députation de toutes les classes de la population valaque, qui le demandait pour leur maître, et il put faire bientôt son entrée triomphale à Bucarest, au milieu des acclamations frénétiques de la foule, désireuse d’avoir de nouveau un prince de son sang, et un guerrier.

L’époque n’était plus où l’on pouvait frapper de grands coups d’épée dans cette Transylvanie, où, après la défaite et l’assassinat de Gabriel Bàthory, l’absolutisme énergique de Gabriel Bethlen et de Georges Ra-koczy I" avait consolidé, au profit de la race magyare, la situation politique de la province. Il n’y avait même plus, au moment où les Abaza avaient voix au chapitre quand il s’agissait de la nomination d’un prince valaque, une porte ouverte sur le Danube turc pour l’esprit d’aventure des boïars. Mathieu et la chevalerie de propriétaires terriens qui entourait son trône eurent leurs champs de bataille seulement dans les conflits avec la Moldavie, toujours envahissante et toujours vaincue. Malgré les apparences d’un règne simultané dans les deux pays, malgré la similitude entre la manière dont Mathieu expulsa le fils d’Alexandre Elie et celle dont le Moldave, d’origine balcanique, Lupu. chassa le père lui-même pour arriver à être bien ??? ??? le, prince de Moldavie, malgré le prestige qui ?? aura la même époque les deux trônes roumains et la richesse dont jouirent les sujets de l’un et de l’autre de ces princes contemporains, il y a entre eux deux une profonde différence. Mathieu est le prince chevaleresque d’une