Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/194

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que, pour la Valachie, la tradition des historiens ne commença que sous Mathieu Basarab, il fallut attendre pour la Moldavie, le règne de Basile pour avoir en roumain la compilation du boïar Grégoire Ureche, qui transposa en langue vulgaire, avec des discussions critiques, le contenu des anciennes annales slavones. Un peu plus tard, fut rédigé, dans un style pédantesque, mais d’une authenticité absolue, la grande Chronique de Miron Costin, qui chanta même en polonais le passé des Roumains.

Dès la fin du XVI siècle, la nouvelle littérature, qui s’adressait au peuple entier, venait de prendre son essor. Nous avons mentionné plus haut, pour expliquer la naissance de l’esprit d’aventure parmi les boïars, le récit des exploits d’Alexandre-le-Grand, les Vies des saints soldats martyrs, même les Miracles de sainte Parascève, qui sont sans doute antérieurs à l’année 1600. Bientôt commença l’œuvre féconde accomplie par les traducteurs inconnus des Ecritures et même des apocryphes, plus répandus dans la Péninsule des Balcans (Voyage de la Vierge aux Enfers, légende de sainte Dumineca qui est le dimanche personnifié), des ouvrages de morale populaire que Byzance avait empruntés au monde oriental, des traités d’histoire naturelle pour le peuple, comme le Physiologus. On voulut même avoir en roumain des traités d’histoire, et il fallut entreprendre la traduction des « chronographes », dont le récit commençait avec la création du monde pour arriver, à travers les Ecritures, à l’époque des monarchies païennes de l’antiquité et à la série des empereurs byzantins et leurs successeurs slaves ; en Olténie, suivant l’exhortation formelle de Théophile, évêque de Ràmnic, le moine Michel Moxalie accomplit cette tâche. Sous Basile Lupu, on eut Hérodote en roumain, par les soins d’un dignitaire de seconde classe, très versé dans la connaissance du grec ancien, le logothète