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II en Pologne et ses propres vicissitudes comme captif des Tatars.

Miron Costin ne s’était pas borné, après 1870, à rédiger seulement une chronique de Moldavie qui se rattachait à la compilation d’Ureche ; écrivain préoccupé des origines, patriote roumain, il sentait le besoin de ranimer l’esprit défaillant de ses compatriotes appauvris et décimés par les guerres étrangères sur le territoire moldave ; il raconta donc, en un beau langage ému, l’histoire de la colonisation romaine, dont l’honneur devait inciter les descendants des guerriers de Trajan à une vie active, éclairée d’un idéal supérieur à celui des intrigues pour le trône et des appels vers les différentes sujétions chrétiennes. Des contemporains valaques, le logothète Stoica Ludescu, fidèle et modeste serviteur des Cantacuzène, le capitaine Constantin Fili-pescu, apparenté à cette famille dont il devint l’adversaire politique, ne furent capables que de rédiger, avec servilisme ou avec haine, de maigres chroniques départi. Ces livres d’histoire, ces chroniques ne jouirent pas cependant de la faveur d’être imprimés. On se les transmettait entre moines, entre lettrés, entre boïars. Bien que l’œuvre du Roumain Pierre Movila, à Kiev, eùt déjà porté des fruits pour ses compatriotes aussi, qui, faisant venir des caractères de Russie, fondèrent des imprimeries dans chacune des deux principautés, on ne donna que bien tard, vers la fin de ce siècle, un récit imprimé des exploits d’Alexandre. Car, si les typographes, dont l’œuvre avait été interrompue après 1590 par les troubles politiques, reprirent leur activité sous Basile et sous Mathieu, pour la continuer ensuite sans interruption, ce fut par suite du désir de ces évê-ques qui, nés au milieu des paysans, sentaient le besoin de communiquer au prêtre de village et à ses ouailles la bonne parole de l’Evangile, la sagesse des Commentaires de l’Ecriture.