Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/200

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pour Brâncoveanu, neveu de Serban Cantacuzène, proclamé par les siens aussitôt après la mort de son prédécesseur ; enfin pour ce jeune Démétrius Cantémir, le futur auteur célèbre de l’Histoire de l’Empire ottoman, qui fut choisi par les nobles partisans de sa famille avant l’enterrement de son vieux père, le prince Constantin. Mais tous les autres Voévodes des deux pays, un petit-neveu d’Elie Rares, qui ne connaissait pas même la langue de ses sujets, puis le Rouméliote Duca, fils d’un simple paysan grec, l’Albanais Ghica, un Ro-setti, Levantin qui vivait en parasite sur la décadence et la pourriture turque, le Constantinopolitain Demètre Cantacuzène, qui avait habité jusqu’à son avènement la Capitale ottornane, étaient des anciens clients des dignitaires turcs qu’ils avaient su gagner par leurs présents. Officier polonais d’aventure, absolument illettré, Constantin Cantémir avait du son trône uniquement aux relations avec le séraskier, le généralissime turc, et il fut proclamé, en 1685, dans le camp d’Isaccea. Ces princes ne pouvaient que reproduire la vie brillante et vide dont ils avaient été les témoins dans les rues de l’impériale Stamboul.

En même temps, une influence européenne, occidentale, venant de la France de Louis XIV, se réunissait à l’autre pour inspirer à ces princes de courte durée et d’un sort si incertain l’ambition d’une belle Cour imposante, réunissant, non seulement ce que le pays avait de plus important, mais aussi l’apport de prestige de l’Orient entier, avec ses Patriarches, ses archevêques, ses prédicateurs, ses didascales et ses lettrés. Un portrait de Démétrius Cantémir dans sa jeunesse, lorsqu’il fréquentait à Constantinople aussi bien les dignitaires turcs et les sages de l’Orient que les ministres de la chrétienté, en commençant par celui de France, un Fériol, un Châteauneuf, montre, dans la coififure et le costume, le mélange, bizarre en apparence, de ces