Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/21

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contrées où fleurissent tour à tour la civilisation grecque et celle des Romains, des étrangers en quête de nouveaux séjours ou des exploits nouveaux.

Ils devaient venir du Nord et de l’Ouest ; le Sud ne pouvait fournir que des paysans en quête de terres vierges, ou bien des fuyards chassés par quelque invasion. A l’Est, il y avait la steppe infinie, qui appartenait aux Scythes.

On peut affirmer aujourd’hui que ce peuple, décrit par Hérodote dans son aspect et dans sa légende, n’étaient qu’une confédération éphémère de peuplades, réunies pour la gloire et le butin sous la conduite de quelques familles iraniennes, qui étaient parvenues à fonder des dynasties royales au dire des Grecs. Les guerriers étaient pour la plupart des Touraniens au teint foncé et au corps trapu, pareils aux Turcomans de l’Asie centrale et aux Tartars d’une époque postérieure, qui, après avoir dévoré le fruit de leurs incursions dévastatrices et du tribut fourni par les peuples soumis à leur autorité, se nourrissaient du produit de leurs troupeaux. Leurs déplacements continuels s’expliquent par ce besoin de transhumance, perpétuelle oscillation entre les demeures d’hiver et les champs traversés, toujours sur la même ligne des puits et des citernes pendant l’été, qui forme le caractère distinctif des peuples pasteurs.

Dans ces conditions, ils purent bien donner aux grandes rivières de la steppe, des noms empruntés à la langue touranienne. Nous n’oserions affirmer que le nom d’Istros est thrace et que celui du Danube, la Donau des Germains, la Douna des Turco-Tartares, vient des anciens Scythes bien qu’ils en aient dominé pendant longtemps les embouchures. Mais l’ancien nom du Dniester, le Danastris grec, est Tyras et dans cette forme hellénique on reconnaît la Tourla ouralo-altaïque, qui s’est conservée, du reste, dans le langage