Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/212

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Russes administrèrent par le moyen des boïars pendant quelques mois, imposant une forte contribution aux habitants et leur promettant des clauses d’union, de beaucoup inférieures à celles de jadis, qui avaient prévu, non seulement l’autonomie entière d’un pays complété par les raïas turques, mais aussi le maintien d’une dynastie indigène.

La paix de Belgrade donna au pays une tranquillité relative qui dura près de trente années, car c’est seulement en 1768 qu’une nouvelle guerre entre Russes et Turcs rappela les soldats russes dans les vallées moldaves et les plaines de la Valachie. Il y eut cependant, entre-temps, une émotion causée par les troubles incessants entre les sujets du Khan et les Tatars de la décadence en continuelle discorde, qui soumirent la Moldavie à une dévastation fondamentale.

Pendant cinq ans, les Russes de Roumientzov et de Patiomkine séjournèrent dans les deux Principautés ; on espérait même réunir ces contrées dans un « royaume dace », qui aurait été confié au favori disgracié de la puissante Impératrice. On s’imagine bien ce que dut leur coûter cette espérance de former, fût-ce même dans ces conditions, qui n’étaient pas, sans doute, les meilleures, un État uni et indépendant. Lorsque le traité de Keutschuk-Kaïnardschi, en 1774, accorda à la Tzarine d’intervenir pour le maintien des droits traditionnels dont devaient jouir les Roumains du Danube et que le premier consul, aux attitudes dominatrices, parut à Jassy et à Bucarest, il fallait pourvoir avant tout à ces mesures de restauration qui étaient absolument nécessaires pour assurer l’existence économique des Principautés. Par des exemptions de tribut, des privilèges de colonisation on arriva tant bien que mal à les ramener en quelque sorte dans leur état antérieur, lorsque la coalition entre Catherine et Joseph