Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/233

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au prince de Valachie comment il procède pour les affaires de même nature dans sa propre principauté ? »

A la mort d’Athanase, le vicariat de l’église valaque fut confié à des Jésuites étrangers ; on pensa même à choisir parmi ces conseillers, hongrois et allemands, le successeur de l’évêque défunt. On finit bien par élire un Roumain, qui avait fait de brillantes études à Rome, Jean Giurgiu de Patac, mais il ne fut plus un « Métropolite », fût-ce seulement pour les siens, ni même un évêque de Fehérvâr, où l’on devait élever sur les ruines de l’Église de Michel-le-Brave la forteresse impériale de Karisburg : par une bulle de nouvelle fondation, le Pape, qui feignait d’ignorer tout le passé, créait, en 1721, un évêque uni à Fagaras.

Lorsque la succession de ce nouveau siège fut ouverte, les électeurs s’arrêtèrent, après une longue vacance, sur la personne d’un simple écolier, qui avait cependant dépassé depuis longtemps l’âge des études, Jean Innocent Micu, « baron Klein », par la grâce de l’Empereur. On croyait trouver en lui un docile instrument pour disposer des Valaques domptés par l’acte d’Union et dépouillés cependant d’une récompense si solennellement promise ; il n’en fut pas ainsi, pourtant. Ce nouveau chef de l’Église roumaine devait être non seulement tout ce que lui inspirait son tempérament fougueux et tenace, mais aussi le représentant de ces paysans de Transylvanie qui, comme leurs congénères des Principautés, n’oubliaient pas, au milieu des pires épreuves et de l’humiliation la plus profonde, leur droit humain et national. Si l’aristocratie roumaine n’avait pu rien conserver de ses attaches avec la race qui l’avait produite ; si, tout en rendant des services à la cause commune, les quelques fonctionnaires du même sang n’avaient qu’une action fatalement restreinte ; si le