Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/235

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contributions volontaires à la propre personne du pasteur officiel de la « religion roumaine ».

La première déclaration de Jean-Innocent, faite en 1735, montra bien la manière dont il entendait servir un peuple dont il se considérait, d’après l’ancienne tradition, comme le chef unique. « Nous sommes, • disait-il, les maîtres héréditaires dans ce pays des rois dès l’époque de Trajan, bien avant que la nation saxonne fût entrée en Transylvanie,- et nous y avons jusqu’aujourd’hui des domaines entiers et des villages qui nous appartiennent en propre. Nous avons été écrasés par des charges de toute espèce et par des misères millénaires de la part de ceux qui ont été plus puissants que nous ». 11 fallait donc satisfaire, non seulement à la promesse formelle de Léopold Ier, mais aussi aux exigences de la proportion numérique, de la valeur d’une race de bons laboureurs et de vaillants soldats et au droit historique, en reconnaissant aux Roumains la qualité d’une nation constitutionnelle.

Micu renouvela sans cesse, pendant dix ans, ses réclamations. A Vienne, au moment d’une guerre difficile contre Frédéric II, on craignait d’indisposer les magyars, dont la fierté atavique, l’organisation puissante et les prétentions hardies constituaient un danger permanent pour la domination impériale en Transylvanie. Les pétitions de l’évêque « valaque » furent donc renvoyées au gouvernement de la province ; à la Diète, elles furent accueillies par des mouvements d’indignation et des huées. « On nous traite pis que des Juifs, s’écria le prélat indigné ; est-ce donc tout ce qu’on peut faire pour une nation de 500.000 âmes et qui a toujours donné des preuves de sa fidélité absolue ? » II fit venir les paysans à ses synodes de prêtres et, fort de leurs bruyantes approbations, il refit le chemin de Vienne. Menacé d’être arrêté, il partit enfin furtivement pour Rome ; son départ donna le