Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/265

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sauf Balcescu, qui exposa dans une brochure en français la question agraire dans les pays roumains ; les autres étaient passionnés surtout de nationalité ; ils voulaient résoudre la question sociale pour établir ensuite, par l’Union nécessaire, par l’Indépendance qui devait en être la conséquence naturelle, non pas une plate-forme pour des rivalités plus ou moins factices de personnes ou des querelles de partis, mais bien une vie nationale énergique et consciente, capable d’élaborer de nouvelles formes de civilisation en absorbant des éléments d’influence étrangère. L’esprit de Kogalniceanu les dominait tous, et cet esprit, conforme à une tradition millénaire, était le seul d’où pouvait dériver une politique réelle.

La guerre de Crimée éclata. Dès le premier moment, les Roumains exilés sentirent l’importance que pouvait avoir pour leur nation ce conflit, longuement attendu, d’une part entre la France et l’Angleterre, vers lesquels se tournaient depuis bientôt trente ans tous les patriotes qui rêvaient d’un avenir meilleur, et d’autre part la Puissance protectrice qui ne voulait pas abdiquer ses droits garantis par les traités. Certains voulurent combattre dans les rangs des alliés, et ils se présentèrent même dans le camp turc, où des intrigues, surtout des intrigues autrichiennes, les empêchèrent de participer à la lutte.

Ces alliés auraient voulu chasser des Principautés les Russes, qui, à la suite du conflit avec la Porte, étaient rentrés en Moldavie dès le mois de juin 1853. Mais l’Autriche, dans l’espoir que ces provinces avidement convoitées depuis presque deux siècles pourraient enfin lui revenir, s’empressa de les occuper jusqu’à la conclusion de la paix ; un traité formel avec le Sultan l’y autorisa. Il n’y eut donc pas de contact plus intime entre les Anglo-Français qui