Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/273

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libéraux anti-russes avaient ajouté cet article à la longue liste de leurs récriminations.

Conquête de l’indépendance sous Charles Ier. — Après avoir élu d’abord Philippe de Flandre, dont la candidature avait été déjà posée, de Bruxelles, avant 1859, mais qui refusa cette fois, Bratianu le cadet et ses amis de la « Lieutenance Princière », après avoir pris l’avis de Napoléon III, qu’on avait réussi à tourner contre Cuza, s’arrêtèrent sur la personne du prince Charles de Hohenzollern-Sigmaringen, âgé de vingt-sept ans : il était le petit-fils d’Hortense de Beauharnais, fille adoptive de Napoléon I ; par son père même il descendait d’une sœur du roi Murât. Il avait visité Paris, reçu comme un parent par un souverain qui tenait à avoir des vassaux sur le Rhin, et il avait espéré obtenir la main d’Anne Murât, amie de l’Impératrice. Mais son père, Charles-Antoine, avait été ministre du roi de Prusse, considéré comme chef de la famille par les représentants de cette branche souabe, et l’éducation du prince Charles avait été influencée par le nouvel esprit allemand que fanatisait les succès de Bismarck.

Avec ces traditions de famille et ces dispositions, le jeune prince, qui avait accepté volontiers et s’était rendu aussitôt en Roumanie, au risque de se faire arrêter et interner par les Autrichiens, à la veille de la guerre contre la Prusse, devait rencontrer bien des difficultés. Il satisfit Napoléon III en évitant pendant quelque temps tout contact avec la Russie, car ce fut seulement en 1869 qu’il fit visite au Tzar Alexandre II à Livadia ; puis un mariage projeté avec la Grande-Duchesse Mark fut abandonné, Charles Ier ayant épousé bientôt Elisabeth de Wied, apparentée à la Maison d’Orange, mais qui avait passé des années à la Cour de Pétersbourg, où elle conservait des relalions.