Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/279

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qui n’était guère disposée à s’arrêter devant les droits d’un plus faible, et la Roumanie ; celle-ci n’avait obtenu qu’une apparente garantie, car on lui promettait seulement de défendre son intégrité territoriale, si elle venait à être mise en danger — évidemment, il est question d’un tiers — par le fait du passage des armées russes. Le 10/22 mai déjà, les Chambres roumaines s’empressèrent de proclamer l’Indépendance du pays, afin qu’il pût participer, en tant qu’État de plein droit aux complications qui devaient amener la guerre. La diplomatie russe vit cependant de très mauvais œil cette décision, dont elle avait aussitôt saisi la signification. Lorsque la Roumanie indépendante, mais dont l’indépendance n’avait pas encore été reconnue par l’Europe, offrit le concours de ses troupes pour éviter, comme alliée, cette atteinte à son territoire qu’elle pouvait redouter comme neutre, la réponse de Gortschacov fut particulièrement dure : on n’a pas besoin d’un pareil concours ; mais, si l’on tient à l’offrir, il ne peut pas être question d’une action militaire séparée que le gouvernement roumain, oubliant la Dobrogea, bientôt occupée par les Russes, aurait voulu entreprendre du côté de Vidin. Les entrevues, si amicales, du prince avec le Grand-Duc, avec le Tzar Alexandre II, venu lui-même sur le Danube, ne changèrent rien à cette situation de plus en plus tendue.

L’Autriche était la première à s’en réjouir. En décembre 1876, Andrassy s’était fait fort de conserver à la Roumanie son intégrité territoriale, si elle se bornait à retirer ses troupes en Olténie, maintenant le contact avec les forces de la Monarchie. Il recommandait de ne pas se jeter dans une aventure qui pourrait avoir les pires conséquences. Démètre Ghica proposa, en avril suivant, dans le Conseil de la Couronne, « d’exiger que l’Autriche occupât, avec la permission