Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/282

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menaça même de désarmer les troupes roumaines ; il s’attira cette réponse de Charles Ierque « ses troupes se feraient écraser, mais désarmer, non ».

Invoquant la protection des Puissances, Bratianu et Kogalniceanu s’adressèrent aux diplomates, réunis en juillet 1878 à Berlin pour procéder à la revision du traité. Il n’y trouvèrent aucun appui réel. « Nous croyions que vous vous étiez entendus avec vos alliés », fut la réponse de l’Autriche, qui attisait cependant le mécontentement des Roumains pour s’assurer une situation plus solide dans la Bosnie et l’Herzégovine, qu’elle « occupa » ; dès la convention de Reichstadt en 1876, François-Joseph avait consenti, du reste, pour avoir ces provinces serbes, au retour des Russes sur le Danube inférieur. La Roumanie n’eut pas même une bonne frontière dans cette Do-brogea qui était alors un vrai désert, habité surtout par les restes misérables d’une population turco-tatare réfractaire à tout progrès ; elle la fit occuper par ses soldats, au moment où, sans avoir rien signé, les organes administratifs roumains évacuaient la Bessarabie. On eut un conflit avec les Russes lorsqu’il s’agit de fixer la démarcation à l’Ouest de Silistrie, et la question d’Arab-Tabia, une des anciennes redoutes qui entouraient la ville, fut sur le point d’amener une échauffourée.

Le résultat de ces froissements fut brillant pour la politique autrichienne. Pendant des années, tout rapprochement avec la Russie devint impossible. Le gouvernement libéral de Jean Bratianu, qui garda le pouvoir pendant dix ans, n’était guère disposé à oublier l’humiliation infligée personnellement à son chef. En publiant, en allemand, ses Mémoires, qui forment un vrai réquisitoire contre la politique russe en Orient, Charles I" avait rompu définitivement