Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/44

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Lorsque les Goths arrivèrent sur le Danube, ils étaient païens. C’est seulement sur la rive droite qu’ils adoptèrent la religion de Constantinople au IIIe siècle, l’hérésie arienne ; ces gens d’esprit simple, mus par une logique enfantine, ne pouvaient admettre l’unité divine dans la Trinité. Quant à « l’homme romain », le Romîn, parlant le « roumain (romîneste), il demeura avec ses évêques (episcopi, le terme gréco-latin est resté intact, pour les prélats latins, on emploie la forme : piscup) sur cette « terre » qui était pour lui la patrie, tara, dans ces villages, sate, à l’ancien nom latin (sata, semailles, champs labourés). Il n’entra pas dans une nouvelle formation politique à laquelle il aurait fallu prêter serment — le roumain a conservé jurare, juramentum dans l’ancien sens, non corrompu, de ces termes — et dans l’armée de laquelleile aurait dû servir — car pour lui aussi l’armée, oaste, vient du mot latin qui indique l’ennemi, hostis. Les notions de seigneur, de vassal, de fief, de service, introduites par le régime germanique en Occident, lui sont restées absolument étrangères. Il n’a pas même, pour désigner le Germain, un mot tiré directement de sa langue : c’est le Neamt, d’après le slave Niémetz. Si, pour ses coutumes populaires, pour ses superstitions, pour ses fêtes illégales, défendues par l’Église, pour son habitation et son système de culture, pour ses ustensiles et pour les ornements de sa casa, de sa cabane (car la mansio, dont vient maison, a disparu, pour ne point parler de la domus classique), il a conservé tout l’ancien trésor de la civilisation thrace primitive ; si l’esprit thrace vit dans la syntaxe, à commencer par la juxtaposition de l’article à la suite du nom (omul, correspondant au latin homo ille), — pour tout ce qui concerne la vie politique, Rome seule était restée l’inspiratrice. Il n’y a pas d’autre autorité que la « domnie » (dominio), du « domn » (dominus) qui est l’empereur, appelé aussi