Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/62

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un seul peuple », ayant « un seul juge » et jouissant d’une seule et même situation, assurée par des actes écrits.

Le territoire roumain était donc morcelé par cet établissement d’une laborieuse population étrangère, capable de progresser rapidement et favorisée par la Couronne, à cause des gains supérieurs qu’elle attendait d’une pareille substitution. Cela ne suffisait pas cependant, car ces Saxons n’étaient pas en état d’assurer à la nouvelle province ses frontières.

Pour fermer les défilés des Carpathes et leur assurer une garde vigilante, le roi employa donc deux moyens différents. André II avait fait le voyage de Jérusalem en croisé malheureux et il avait pu voir l’état de décadence où se trouvaient les restes de la domination chrétienne et la milice des chevaliers qui les défendaient. Une évacuation de ces soldats de la croix était évidemment nécessaire. Les Chevaliers Teutons devenaient disponibles ; on les fit venir dans les Carpathes, où ils bâtirent, sur la place du village slavo-roumain de Brasov, leur « ville de la Couronne », Kronstadt ; puis, pénétrant bientôt au delà des montagnes, dans le « long champ » de Cîmpulung, ils fondèrent une nouvelle ville, leur « Langenau ». Ils auraient sans doute rempli cette mission et brisé pour toujours l’essor d’un nouveau peuple, si des dissensions ne s’étaient pas produites entre cette milice ambitieuse, la même qui, plus tard, en Prusse, voulut créer un véritable État pour son Grand-Maître, et le roi, alléché par l’espoir d’une proie facile. Après une querelle qui nécessita plusieurs fois l’intervention du Pape, ils durent partir, laissant une ville d’avenir, un défilé tout préparé pour des invasions dans la « Transalpine » et des relations de suzeraineté avec les Cumans, menés par force au baptême et soumis à l’autorité, visiblement politique, d’un nouvel évêque,