Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/67

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désormais de frontières occidentales depuis la Chine ; de l’Asie centrale jusqu’aux Carpathes roumains s’étendait un seul État, un seul territoire politique et économique. Les routes, dont la sûreté était désormais garantie par l’autorité profondément respectée de « l’empereur » mongol, étaient ouvertes à quiconque possédait un sauf-conduit délivré par sa chancellerie. La même monnaie était partout acceptée ; les mêmes poids, les mêmes mesures servaient à tous ceux qui pratiquaient le commerce d’un bout à l’autre de ce monde nouveau créé par une conquête sans exemple ; le système douanier était à peu près partout le même, d’Akkerman, l’ancien Maurokas-tron des Byzantins, le Moncastro des Génois, le Belgrade des Slaves, la Cetatea-Alba des Roumains, jusqu’à Caffa, en Crimée, où, vers la fin du XIIIe siècle, vinrent s’établir les Génois pour faire de la Mer Noire leur domaine, et aux ports lointains des Mers asiatiques.

Les liens personnels qui existaient entre les frères de Gengis maintinrent pendant un temps l’unité politique du grand empire. L’unité économique, si rémunératrice pour le trésor des différents chefs de la Horde d’or, ne fut pas entamée quand ensuite l’empire fut partagé, et ce fut tout à l’avantage des Roumains, dont le territoire venait d’être traversé par les voies de commerce menant du Nord et de l’Occident à Caffa, à Akkerman, même à Braïla, le grand port du Danube, jadis humble village où vivaient les descendants de l’ancêtre paysan Braila, mais qui était devenue déjà le principal entrepôt du Danube vers l’an 1300.

Cependant la condition naturelle des territoires provoqua des tentatives de séparation politique : à l’époque où le seigneur tatar de la Crimée, le prince de la Campagne, de l’ancienne Gothie, où se maintenaient encore, avec leur langage archaïque, les restes des