Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/72

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qui avait amené à Tihomir et Basarab à se présenter comme princes indigènes de « tout le pays roumain », de même que Louis XI entendait être roi de tout son pays français.

Détachement des pays roumains de la hongrie.— Charles-Robert entreprit de refaire, sur le modèle de l’Occident, ou de simples liens de vassalité qui unissaient, par exemple, dans une seule vie politique les rois d’Angleterre et de France sans que le premier se fût senti, dans ses propres provinces, inférieur à son suzerain, l’ancien royaume des Arpadiens, étendu jusqu’au Danube ; il voulait même employer ce fleuve comme une base nécessaire pour renouveler en Orient les jours de l’Empire latin. Basarab ayant refusé le tribut, — car il se sentait souverain de droit moderne sur un territoire défini, habité par sa seule nation, — il fut attaqué par Charles-Robert en personne dans les montagnes de Muscel, où l’avaient conduit certains des Voé-vodes traîtres à leur prince par intérêt personnel. A Severin, uni à la principauté roumaine depuis quelques années déjà, le Voévode de Transylvanie réussit à établir pour un moment Nicolas, fils d’ « Ivanco », mais, dans un des cirques que forment les montagnes valaques, l’armée royale fut complètement cernée par les troupes de celui qui, dans la conception des envahisseurs, était un simple rebelle, un « pâtre valaque » qu’il s’agissait de « tirer par la barbe de son repaire ». Une miniature contemporaine, dans la chronique officielle, présente, après la scène où un envoyé de Basarab vient offrir humblement les conditions d’une paix simulée, deux moments du combat de Posada, au Nord de Cîmpulung : on voit la brillante chevalerie du roi défilant hâtivement au-dessous des pics que garnissent des paysans roumains ; ceux-ci portent de longues jaquettes de peau, de longs manteaux de laine,