Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/90

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occupé son siège valaque, en. remplacement d’un frère mort chez les Bulgares, Dan. Le Tzarat de Trnovo succomba sans bataille, en 1393 ; l’une après l’autre les places accueillirent les garnisons turques, et les chrétiens de la rive gauche n’intervinrent pas dans un conflit où l’Orient orthodoxe ne pressentait pas le commencement d’une nouvelle ère pour le monde entier.

Ce qui intéressait à ce moment les Valaques, c’était la succession de la Hongrie, visitée par les bandes turques dès 1391. Mircea se fit donner par Vladislav Jagellon un accroissement de son fief transylvain, contenant les villages roumains près de Sibiiu, qui avaient pour centre Amlas ; dans le traité avec le second gendre du roi Louis, pas un mot ne concerne la défense chrétienne. Il se trouva même des boïars valaques, mécontents de Mircea, pour appeler dans leur pays le nouveau Sultan Baïézid ; le prince qui fut imposé par les Turcs en 1394, malgré leur défaite de Rovine, dans les marécages du Danube, Vlad, paraît avoir été un fils naturel de Laïco.

Cette extension de la puissance ottomane réveilla la conscience chrétienne, chez les Hongrois aussi bien que chez les Roumains de Valachie, que menaçait le même danger. Sigismond, qui avait déjà envahi la Moldavie pour punir le prince Etienne, vassal de Jagellon et ami des Turcs, accueillit à Kronstadt-Brasov Mircea et les restes de son armée ; dans le traité conclu entre les deux princes, aucune mention ne fut faite de l’hommage que les Angevins avaient cherché à imposer aux Voévodes d’Arges, leurs contemporains. Après cette franche alliance de croisade, les troupes royales descendirent la vallée de l’Oit pour chasser Vlad et ses protecteurs païens ; mais au retour, elles furent surprises, comme leurs prédécesseurs à Posada, par les paysans des montagnes, et décimées.