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sans la conjonction que dans la syntaxe moderne, mais avec certains verbes seulement.

Ex. : Fasse le ciel que ; puissé-je de mes yeux y voir tomber ce foudre ; périssent les colonies plutôt que les principes ; à Dieu ne plaise.

Ce qui n’est plus qu’une exception était la règle dans l’ancien français. Au xvie siècle cette règle était encore en plein usage : Souvienne-vous des Athéniens (Montaigne, I, 9). Aille devant ou après (Id., I, 25)[1].

Au xviie siècle, les exemples ne sont pas rares :

Deviennent tous pareils à ces vaines idoles
Ceux qui leur donnent l’être ! (Corneille, IX, 315.)
Quiconque est loup agisse en loup. (La Fontaine, Fables, III, 3.)
Je meure, si je savais cela !
Me confonde le ciel ! (Molière).
Je sois exterminé, si je ne tiens parole ! (Molière, Dépit amoureux, IV, 3[2].)

Le subjonctif présent s’emploie volontiers dans les formules de souhait commençant par si (= lat. sic)[3] et quelquefois par se.

Ex. :

Si m’aït Deus ! (formule très fréquente.)
Que Dieu m’aide ! Par Dieu !
Si Dieus me gart !
Puisse Dieu me garder !
  1. Darmesteter et Hatzfeld, Le xvie siècle en France, 1ere éd., p. 368.
  2. Cf. Haase, Synt. fr., § 73.
  3. D’après certains grammairiens ces propositions se rattacheraient aux propositions conditionnelles et si proviendrait de la conjonction latine si et non de l’adverbe sic. En réalité il doit y avoir eu des confusions graphiques entre se (= si latin) et si (= sic) dans des phrases de ce genre ; mais nous croyons qu’il y a, à l’origine de ces formules, l’idée de souhait et non celle de condition.