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L’emperedor lui comande a garder. (Rol., 2527.)
Il lui commande de veiller sur l’empereur.

On disait aussi : jurer à (jurer de) ; il me plaist à (il me plaît de) ; je vous avoie oublié a dire (Joinville, 160.).


C’est à des constructions de ce genre qu’on peut rattacher les tournures : prendre à, faire à, suivis d’un infinitif.

Prendre à signifie commencer à, se mettre à : danz Alexis la prist a apeler (Alexis, 62.) ; le seigneur Alexis se mit à l’appeler.


Faire à signifie qui mérite de, qui est à.

Ex. :

Qui molt fait a prisier. (Aimeri de Narbonne, 1469.)
Qui mérite beaucoup d’être prisé.
Donc faites vos bien a blasmer. (Joinville, 36.)
Vous êtes bien coupable.
Molt fait bel ad odir : c’est très beau à entendre.

L’infinitif prépositionnel avec de était moins fréquent que dans la langue moderne : mais peu à peu son emploi s’est développé aux dépens de l’infinitif précédé de à. Là ou l’ancien français disait essayer a faire, et dans d’autres cas semblables, la langue moderne dit essayer de, etc. On disait de même : il covient a faire, il lui plaisoit a demourer, etc.

Parmi les autres prépositions qui peuvent précéder l’Infinitif, citons pour, qui sert à désigner le but, comme dans la langue moderne, mais qui peut avoir aussi le sens de malgré, dussé-je, dût-il.

Ex. :

Ja por morir n’eschiveront bataille. (Rol., 1096.)
Jamais, devraient-ils y mourir, ils ne fuiront la bataille.