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Que il lor sembloit que ele durast trop. (Villehardouin, 197.)
Il leur semblait qu’elle durait trop.

Cette construction avec le subjonctif était encore fréquente au xviie siècle.

Ex. :

La plus belle des deux je crois que ce soit l’autre. (Corneille, Menteur, I, 4.)
Ils pensent que ce soit une sainte en extase. (Balzac.)

Cf. supra : Ço lor est vis qu’il tiengent Dieu medisme.

B.

Après les verbes narratifs : dire, raconter, narrer, tesmoigner, etc., le verbe est à l’indicatif, comme dans la langue actuelle. Mais quand ces verbes sont accompagnés d’une négation ou qu’ils sont interrogatifs, le subjonctif est de règle, parce que la négation ou l’interrogation introduisent une nuance de doute.

Ex. :

N’en vanteras... que mi aies tolut. (Rol., 1962.)
Tu ne te vanteras pas que tu me l’aies enlevé.
Ne dites mie je vous aie trahi. (Raoul de Cambrai, 2318.)
Ne dites pas que je vous ai trahi.

Le subjonctif peut même être employé en dehors de ces cas :

Qu’en ai odit parler estranges soldeiers
Que issi grant barnage nen ait nuls reis soz ciel. (Pélerinage, 312.)
Car j’ai entendu raconter à des soldats étrangers qu’aucun roi sous le ciel n’a un aussi grand nombre de chevaliers.

Cf. encore au xviie siècle : Vous diriez qu’il ait l’oreille du prince. (La Bruyère.)