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Garde que trop ne te haster. (Chastoiement d’un père, II, 346.)
Garde-toi de trop te hâter.
Mès garde que n’i parler mie. (Athis, 1146.)
Garde-toi de rien dire[1].
D.

Après les verbes marquant la crainte ou l’empêchement : criendre, doter, se redoter ; se garder ; ne laissier, etc., le subjonctif est de règle ; l’indicatif se rencontre aussi ; il marque alors l’accomplissement positif d’une action, l’idée d’appréhension étant laissée de côté[2].

Ex. :

Se senz guarde remaint, criem qu’ele seit perdude. (Pélerinage, 322.)
Si elle reste sans garde, je crains qu’elle ne soit perdue.
Jo ne lerroie... Que ne li die. (Rol., 459.)
Je ne laisserais pas de lui dire.
Gardez de nos ne tornez[3] le corage. (Rol., 650.)
Gardez-vous de changer vos sentiments pour nous.

Quant à l’emploi de la négation ne dans la subordonnée, après les verbes marquant la crainte, il est assez libre : à côté de la construction Criem qu’ele seit perdude, on trouve Molt criem que ne t’en perde (Alexis, 60).

E.

Après les expressions marquant la douleur, l’étonnement, comme : c’est malheureux que, c’est merveille que, c’est étonnant que, l’ancien français, contrairement à l’usage moderne, emploie le mode indicatif.

  1. Étienne, Essai de grammaire de l’a. fr., § 400.
  2. Cf. pour le xviie siècle, Haase, § 77.
  3. Subj. prés. et non indicatif.