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voyelle[1], ne devant une consonne, sans adjonction d’un autre mot.

Cet emploi s’est maintenu, dans des cas assez nombreux, jusqu’au xviie siècle ; cf. Haase, Synt. fr., § 100.

Ex. :

Nen ont poor. (Rol., 828.)
Ils n’ont pas peur.
Jo nen ai ost qui bataille li donget. (Rol., 18.)
Je n’ai pas d’armée pour lui livrer bataille.

La négation composée (ne... pas, ne... point, ne... mie) apparaît çà et là dans la Chanson de Roland, tandis qu’on n’en trouve pas de traces dans les textes antérieurs[2].

Au xiie siècle, la négation composée devient de plus en plus fréquente.

En moyen français les mots pas et point, qui accompagnent la négation, finissent par prendre un sens négatif qu’ils n’avaient pas d’abord ; ils peuvent s’employer seuls, surtout dans des phrases interrogatives ; cet emploi a survécu au moyen français et se retrouve souvent au xviie siècle : Fit-il pas mieux que de se plaindre ? (La Fontaine). Avais-je pas raison ? (Id., VI, 10). Tous les jours sont-ils pas à Dieu ? (Bossuet). Cet emploi a lieu surtout, au xviie siècle, dans les interrogations directes[3].

Prépositions

L’étude des prépositions relève, pour ce qui est des changements de sens, du lexique historique, et non de la syntaxe. Nous traiterons cependant ici de quelques-unes

  1. Quelquefois n’.
  2. Jusqu’à la Vie de saint Alexis inclusivement (milieu du xie siècle) on ne trouve pas de négation composée.
  3. Haase, Synt. fr., § 101.