Vers le milieu du xiie siècle cet e est devenu ouvert devant une consonne : d’où messe (prononcé messe), fève au lieu de féve; mais à la fin des mots il est resté é fermé: aimé, porté, pré, etc.
E dit muet ou féminin était toujours atone. Ex. protonique[1] : gesir, ferir, veoir, seoir, perir, conquerant, fesis (parfait de faire, 2 p. sg.), desis (de dire), etc. Posttonique : marbre, temple, fève, faire, etc.
E ouvert accentué suivi de l devient éa puis eá; on a ainsi la combinaison eal, puis eau ; cf. supra.
Il existait deux o, un o ouvert et un o fermé.
O ouvert tonique provenait de ǫ latin entravé (dórsum > dos), du latin au (aurum > or; thesaurum > trésor; fabricam > faurgam > forge).
O fermé était prononcé comme notre o fermé et peut-être comme notre ou : mais vers 1100 la graphie est o. Il provient, à la tonique, de ō et ŭ latins. Cf. supra.
U et i étaient prononcés comme dans la langue moderne.
Diphtongues
Les diphtongues les plus importantes étaient les suivantes.
Ai, prononcée avec a (comme dans bataille) à l’origine de la langue, puis prononcée comme aujourd’hui dans fait, chaîne, faîne. Aux environs de 1100 on la prononçait déjà ainsi.
- ↑ Pour les protoniques G. Paris donne la règle générale suivante: « Tout e protonique libre provenant d’une voyelle latine libre, dans le français du xie siècle, est un e, sauf dans les mots savants. » G. Paris, Extraits de la Ch. de Roland, 6e éd. (1899), p. 5.