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on avait une voyelle nasale dans des mots comme pomme (l’a. fr. prononçait pon-me), bonne (a. fr. bon-ne), colonne (pron. colon-ne), etc.

Parmi les diphtongues nasales citons : aim, ain, dans des mots comme claimet, aiment[1], main, compaing, fraindre, chastaigne, mots dont l’a assone ordinairement avec a, et ein dans plein, sein, seing, geindre.

Consonnes

Leur prononciation présente quelques différences avec la prononciation moderne. Il existait, au début de la langue, un d intervocalique qui avait le son du th anglais doux ; il provenait de d ou t latins entre deux voyelles ou entre une voyelle et r, l : espede < spatam; vidrent < viderunt; vide < vitam, muder < mutare. Ce d est tombé peu après l’époque de la Chanson de Roland. Il devait être peu sensible au début du xiie siècle.

L’ancienne langue avait également un t qui se prononçait comme th anglais dur, mais il n’existait qu’à la fin des mots : il aimet, chantet, vertut, pitiét. Ce t est tombé approximativement à la même époque que le d étudié dans le paragraphe précédent[2].


Le son ts à la finale est représenté ordinairement par z : amez < amatis ou amatus, de même chante (pron. chantéts), oz < hostis (armée), toz < totus (pron. tots) ; noz < nostros (pron. nots); cf. mielz, vielz, dolz (où l + s a donné z, c’est-à-dire ts).


C se prononce ts devant e, i : centum > cent (pron. tsent), placeat > place (pron. platse), caelum > ciel (tsiel),

  1. On prononçait sans doute : clain-met, ain-ment.
  2. On les note ordinairement (đ) et .