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résolut de les en faire sortir. À l’enseignement public et si goûté des Jésuites, il voulait opposer un enseignement de même nature. Le cadre universitaire, où malgré plusieurs tentatives, les professeurs jésuites n’avaient pu pénétrer, se prêtait merveilleusement aux projets du savant prélat.

Dès l’année 1655, l’archevêque fondait donc, de ses deniers, une chaire de théologie scolastique dont le titulaire, dûment agrégé à la Faculté de théologie de l’Université, devait enseigner et défendre la doctrine de saint Thomas, telle qu’elle était contenue dans la Somme du docteur Angélique. M. de Marinis se réservait, sa vie durant, la nomination du nouveau professeur. Après sa mort, quand la chaire deviendrait vacante, un concours serait ouvert qui porterait sur quelques points de la doctrine thomiste et un jury, composé du chancelier et du primicier de l’Université assistés du doyen et des agrégés en théologie, nommerait le plus capable des candidats, avec cette réserve qu’à égalité de mérite entre les concurrents, un dominicain serait choisi. En 1666, l’archevêque renonça à cette procédure un peu compliquée et remit la nomination du professeur au provincial et aux religieux dominicains de Toulouse, dont le couvent était, on le sait, renommé pour l’ancienneté de sa fondation comme pour la science et la piété de ses membres[1].

C’est sous l’influence de pareils mobiles, qu’en 1719, un prêtre de Valréas, Étienne Millaret, imitant l’exemple de M. de Marinis, fonda à la Faculté de théologie d’Avignon, une troisième chaire, destinée à l’enseignement de la morale. Comme l’ancien archevêque, M. Millaret se réserva pour le temps de sa vie, le choix du titulaire et décida qu’il appartiendrait ensuite aux Dominicains de Toulouse. D’ailleurs le

  1. Acte notarié du 13 nov. 1655. Laval, 55.